MUSIC-HALL

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Au milieu du XIXe siècle, un cabaretier londonien a l’idée de présenter sur une scène des chanteurs professionnels. Il ouvre un établissement sous le nom de Canterbury Music Hall. Le terme est lancé, il fera le tour du monde. Music-hall se dit du spectacle de variétés sous ses diverses formes: suite d’attractions où la chanson tient une place prépondérante; revue à grand spectacle; récital donné par une vedette de la chanson ou un fantaisiste. Il désigne aussi l’établissement qui présente ce spectacle. En France, le café-chantant ou café-concert, devancier du music-hall, prend son essor dans la seconde moitié du XIXe siècle. Selon les règlements de police, les artistes ne peuvent paraître qu’en costume de ville et l’un après l’autre. À force de récriminer, le café-concert obtient le droit d’engager des artistes dits de complément, ou visuels. Le music-hall est né, la Belle Époque assiste aux débuts de sa prestigieuse carrière. S’ouvrent à Paris les premiers établissements du genre: le Ba-Ta-Clan, la Gaîté (qui allait devenir Bobino), les Folies-Bergère, le Moulin-Rouge. Le music-hall, gros mangeur d’attractions, emprunte aux autres de quoi s’alimenter. La comédie lui cède la saynète, sous forme de sketch. La danse lui suggère divers genres: les danses acrobatiques, fantaisistes, à claquettes, les bataillons de girls, les groupes folkloriques de danseurs. Au cirque, il prend jongleurs, équilibristes, illusionnistes, acrobates; bref, tous les artistes dont le travail peut s’exécuter sur scène. Mais comme la piste est un cercle magique, les clowns ne peuvent en sortir, ni les chanteurs de charme y pénétrer. Le programme débute, en général, par plusieurs numéros d’artistes visuels, où s’intercale, s’il est prévu, celui de la troisième vedette, dite anglaise; vient le tour de chant de la deuxième vedette, dite américaine. Après l’entracte, la vedette du programme occupe la scène jusqu’à la fin. Une grande vedette, sûre de la fidélité de son public, se produit parfois dans un établissement dont elle constitue l’unique attraction. Elle doit, pour réussir, savoir tout faire: chanter, danser, amuser, émouvoir. Le style, né aux États-Unis autour des années 1950, fut pratiqué avec succès par Frank Sinatra, Samy Davis, Dean Martin, avant d’être essayé en Europe. Il arrive aussi que la vedette soit tentée par le show business : à son travail d’artiste, elle ajoute les tâches d’un véritable président-directeur général. Créant sa propre maison d’édition, sa société de production et de diffusion, entourée de financiers, de publicitaires, d’ingénieurs et de techniciens, elle effectue sa tournée à travers le monde. La revue à grand spectacle a pour origine, dit-on, la traditionnelle revue de fin d’année. Après la Première Guerre mondiale, le jazz, parti des États-Unis à la conquête de l’Europe, participe au succès de la revue du Casino de Paris, Pa-Ri-Ki-Ri , où Max Dearly et Mistinguett dansent la valse chaloupée. Les Folies-Bergère, le Palace et le Moulin-Rouge se lancent dans l’aventure. Durant une vingtaine d’années, de grandes vedettes contribuent à la renommée du music-hall en France, parmi lesquelles, outre les deux noms cités, figurent la Loïe Fuller, Harry Pilcer, Argentina, Maurice Chevalier, Joséphine Baker. On a dit de la revue de music-hall qu’elle accordait aux yeux un plaisir refusé à l’esprit. Qu’importe au spectateur, souvent un étranger de passage, qui trouve dans ce spectacle sans frontières le délassement souhaité. Différent du public du cirque qu’émerveille l’artiste qui réalise des prodiges, le public d’une revue, séduit surtout par la féerie du spectacle, laisse son imagination se perdre dans l’artifice et le hasard. Si l’opérette n’est plus qu’un genre momifié, le «musical», c’est-à-dire la comédie musicale américaine, a encore un temps collectionné les succès, grâce, pour une bonne part, aux emprunts faits au music-hall, notamment l’importance donnée aux ballets et la richesse de la figuration. Reste que l’ère du music-hall, tel que l’incarnaient Joséphine Baker et Line Renaud ou encore, dans un registre différent, Édith Piaf et Yves Montand, est révolue. Malgré les tentatives originales de Roland Petit, de Jérôme Savary ou d’Alfredo Arias, les grands tableaux qu’il aimait à déployer n’impressionnent plus guère que les touristes. Et si l’Olympia accueille encore des chanteurs consacrés, la tendance est plutôt aux «méga-concerts», du Zénith ou de Bercy — spectacles de masse qui trouvent leur exact pendant télévisuel dans les émissions de variété où officie le présentateur vedette.

music-hall [ myzikol ] n. m.
• 1862; mot angl. « salle de musique »
Établissement qui présente un spectacle de variétés. Fréquenter les music-halls. Chanteuse de music-hall. Numéros d'un spectacle de music-hall (aussi show) .
Genre de spectacle présenté par un tel établissement. Aimer le music-hall.

music-hall, music-halls nom masculin (anglais music-hall, de music, musique, et hall, salle) Genre de spectacle de variétés né vers 1848 et composé de tours de chant, de numéros de comiques et parfois d'attractions. Établissement consacré à ce genre de spectacle. ● music-hall, music-halls (difficultés) nom masculin (anglais music-hall, de music, musique, et hall, salle) Prononciation [&ph97;&ph109;&ph110;&ph93;&ph95;&ph99;&ph96;], comme musique suivi de la finale de tôle (o fermé). Orthographe Avec un trait d'union. - Plur. : des music-halls.

music-hall
n. m.
d1./d établissement où se donnent des spectacles de variétés. Des music-halls.
d2./d Ce genre de spectacle.

⇒MUSIC-HALL, subst. masc.
A. — Établissement qui présente des spectacles de variétés (tours de chant, danses, revues à grand spectacle, numéros de cirque, attractions diverses). Acrobate, acteur, chanteuse, danseur, girl, vedette de music-hall; numéro, spectacle, scène de music-hall; aller au music-hall. Il la voyait en la nommant, sa rue de la Gaîté, derrière la gare Montparnasse, avec ses bars, ses music-halls, ses boutiques de mangeaille (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p.18). Dans les music-halls une lumière annonce la fin du numéro (GIRAUDOUX, Siegfried et Lim., 1922, p.146):
1. Un soir, à Paris où, sur le chemin du retour, ils s'arrêtèrent, Bernard quitta ostensiblement un music-hall dont le spectacle l'avait choqué: «Dire que les étrangers voient ça! Quelle honte! Et c'est là-dessus qu'on nous juge...»
MAURIAC, Th. Desqueyroux, 1927, p.196.
B. — Forme de spectacle qui est donnée dans ce type d'établissement. C'est du music-hall; aimer le music-hall; débuter, faire ses débuts au music-hall. Il n'aime pas le comique, déteste le music-hall et ne lit que les livres sérieux (RENARD, Journal, 1903, p.866):
2. Le music-hall, à l'imitation de l'Empire ou de l'Alhambra de Leicester square, se développe à son tour. On veut avoir toutes les étoiles de Paris, jusqu'à Cléo de Mérode à la Belle Otero. Le music-hall adopte des procédés anglais, mais demeure spécifiquement newyorkais.
MORAND, New-York, 1930, p.168.
Prononc. et Orth.:[myziko:l], [mju-]; hall [-o:l] init. aps. Ac. 1935: music hall; ROB., Lang. Lang. fr.: music-hall. Plur. des music-halls. Prop. CATACH-GOLF. Orth. Lexicogr. 1971, p.280: ,,un musicol ou musiquehall, pl. des musicols ou musiquehalls``. Étymol. et Hist. 1. 1861 «établissement où sont présentés des spectacles de variétés» (Revue des deux Mondes, 15 juin, 827 ds HÖFLER Anglic.); 2. 1903 «le type de spectacle, le genre appartenant à de tels établissements» (RENARD, loc. cit.). Empr. à l'angl., comp. de music (du fr. musique) et de hall (v. fr. hall), signifiant «salle de musique» (1842 ds NED) et spécialisé dans la désignation d'établissements donnant des spectacles de variétés depuis l'appellation du Canterbury Music Hall à Londres, la première appellation d'un tel établissement en France datant de 1893 (v. REY-GAGNON Anglic.). Bbg. BONN. 1920, pp.96-97. — BOULAN 1934, p.110. — MACK. t.1 1939, p.53, 232, 285, 287.

music-hall [myzikol] n. m.
ÉTYM. 1862; mot angl., proprt « salle de musique », de music et hall.
1 Établissement qui présente un spectacle de variétés. || Un petit music-hall. || Cabaret music-hall. || Chanteuses, acrobates, danseurs ( Boy; → Exercice, cit. 6), danseuses ( Girl, cit. 1) de music-hall. || Aller au music-hall.
0 — Nous n'avions aucune idée que la police intérieure fût aussi sévère au café-concert… — C'est un music-hall, ici, ce n'est pas un café-concert. D'ailleurs, il faut ça. Sans quoi, on en verrait !… Moi, je peux recevoir dans ma loge, c'est sur mon contrat.
Colette, Mitsou, I.
2 Genre de spectacle présenté par un tel établissement. || Aimer le music-hall. || C'est du music-hall. → 2. Burlesque.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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